Le petit robot bleu est de retour. Ou plutôt, il sort du formol dans lequel Capcom l’avait plongé depuis quelque temps. Mais pour ce retour remarqué, ce n’est pas du célèbre jeu de plates-formes qu’il s’agit, mais de plusieurs épisodes assez particulier, à savoir une compilation des Mega Man Battle Network, sortis sur GameBoy Advance et Nintendo DS. Des épisodes beaucoup moins connus que les opus canoniques, mais qui bénéficient d’une cote de popularité certaine auprès d’une partie des joueurs. De quoi pousser Capcom à tâter le terrain avec cette compilation qui fleure bon les années 2000.
Mega Man Battle Network étant une série qui s’étale sur de nombreux épisodes, avec presque autant de déclinaisons, commençons donc par détailler le contenu de cette compilation. Cette dernière est séparée en deux volumes. Dans le premier volume, on trouve:
Mega Man Legacy Collection Volume 2 comprend quant à lui:
Street Fighter n’a donc pas la palme des opus à déclinaisons multiples. On sent que Pokémon est passé par là. Une autre époque…
Prenant place dans l’univers de Mega Man, la série des Battle Network n’a pas grand-chose à voir avec les épisodes sortis précédemment niveau gameplay. On y incarne Lan Hikari, un jeune étudiant japonais, et son PET (Personal Terminal), une machine lui permettant d'incarner un avatar virtuel sur le réseau. Exit le 56K, bienvenu dans le Metaverse avant l’heure. Le hic, c’est que ce Metaverse semble au moins aussi effrayant que celui de Mark Zuckerberg, mais pas pour les mêmes raisons: ce n’est pas les avatars tout droit sortis de la vallée de l'étrange mais des hordes de virus en tout genre qu’il va falloir surmonter. Élève tout ce qu'il y a de plus normal, Lan devient MegaMan.EXE dès qu’il se branche au réseau. Anecdotique au départ, le scénario s’étoffe progressivement au fil des épisodes, à mesure que les relations entre Lan et son groupe d’amis évoluent. L’objectif principal ne fait jamais dans l’originalité: en gros, il s’agit de sauver le monde.
L’exploration sur le réseau se fait en vue de dessus, dans une 3D isométrique très en vogue à l'époque sur la petite portable de Nintendo. Au menu, exploration de donjons thématiques et énigmes assez faciles. À l’instar des épisodes canoniques, chaque donjon possède son propre thème et son boss final. Aquaman et autres Blast Man sont donc de la partie. Toute la partie dans le monde réel ne se montre généralement pas des plus intéressantes. Les petites énigmes disséminées ça et là ne sont pas au niveau des passages où l’on incarne Mega Man. Pour ne rien arranger, il faut composer avec des dialogues à rallonge et pas spécialement intéressants, notamment dans les premiers épisodes.
Chaque rencontre avec un virus fait passer le jeu en mode combat, qui se déroule en temps réel. Le jeu passe alors en 2D, avec vue de côté. L’objectif est de venir à bout des différents ennemis tirés de l’univers de la série en déplaçant Mega Man sur un terrain de 3x3. Contrairement à la série principale, il n’y a aucune notion de plates-formes dans ces affrontements. Il s’agit d’alterner entre les esquives et les tirs de buster pour rester en vie et décimer ses ennemis, tout en switchant de case. Pour cela, les BattleChips sont d’une aide précieuse. Ceux-ci correspondent à des capacités spéciales que l’on peut mettre dans son deck avant chaque combat.
Vous l’aurez compris, Mega Man Battle Network est à mi-chemin entre un jeu de cartes et un jeu d’action, reposant autant sur la dextérité que sur la préparation des combats en amont. Le rythme des affrontements devient assez vite hypnotisant, même si la répétitivité commence à se faire sentir au bout de quelques heures: malgré leurs qualités, enchaîner les 10 épisodes de la collection à la suite n’est pas vraiment une bonne idée. Heureusement, les épisodes introduisent progressivement de nouvelles mécaniques dans les combats.
Gros bémol tout de même sur les combats aléatoires: être interrompu toutes les quelques secondes par des combats de trash mobs lorsqu’on résout une énigme peut se montrer particulièrement agaçant à force. On aurait fortement apprécié la possibilité de réduire le taux de combats aléatoires dans cette réédition. Heureusement, le mode Buster MAX, qui multiplie par 100 la puissance de notre engin, peut être activé à tout moment, nous permettant d’écourter au maximum ces affrontements.
Si les nouveautés apportées par cette collection sont timides, elles existent bel et bien. Une OST ainsi qu’une galerie d’images permettent de s’immerger dans l’univers du robot bleu. Format 4:3 oblige, on peut également choisir différents fonds d’écran au lieu de se coltiner les bordures noires. Les plus complétionnistes seront également ravis de découvrir tout un système de succès. Mais la plus grande nouveauté de cette collection, c’est le mode PvP où l’on peut affronter d’autres Mega Man bien humains. Exit le câble link, tout se fait désormais en ligne: on peut créer des matchs privés ou publics, et cela fonctionne avec tous les jeux de la collection. Le gros problème, c’est qu’il ne semble pas y avoir grand monde: nous avons eu beaucoup de mal à trouver des parties, l’absence de cross-play n’aidant pas.
L’émulation des jeux est de qualité, et aucun souci technique n’est à signaler, tout du moins sur la version Steam. On regrette tout de même l’absence de traduction, les jeux restants intégralement en anglais. Non pas que le niveau de langue soit particulièrement exigeant, mais pouvoir jouer dans sa langue maternelle aurait été un vrai plus.
Avec Mega Man Battle Network Legacy Collection, Capcom a voulu faire plaisir aux fans de la licence. Un plaisir qui a toutefois un prix: 60 euros pour les deux volumes. Il est aussi possible de prendre un seul volume pour 40 euros, mais cela reste un peu cher pour des ROMs datant d’il y a vingt ans. La série a toutefois étonnamment bien vieilli, et reste toujours agréable à jouer, de par son système de combat qui tranche complètement avec les épisodes principaux de la saga. Cette collection est également une bonne occasion de découvrir la saga pour toute une frange de joueurs, même si les ajouts de confort se montrent plutôt maigres.
Nous remercions Capcom France pour nous avoir fourni un exemplaire du jeu.
Dernière modification le 24/04/2023 à 13:47.
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