Il faut savoir qu’au Japon, les entreprises adorent les anniversaires de licences. C’est dans cette pratique que Square Enix s’est associé à Indieszero pour sortir le premier Theatrhythm Final Fantasy en 2012 sur la Nintendo 3DS; un jeu de rythme mâtiné d’une légère couche de RPG, avec les musiques et l’univers Final Fantasy, célébrant ainsi les 25 ans de cette franchise. 10 ans plus tard, Square Enix lance désormais le programme FF35th, qui inclut la sortie de l’étrange Stranger Of Paradise avec la Team Ninja, la compilation Final Fantasy Pixel Remasters, et donc le troisième Theatrhythm Final Fantasy : Final Bar Line. Et si le principe est toujours le même, on est pas sur un simple portage ou remaster.
Présentons la structure du jeu: au lancement, et après une courte phase de didacticiel, on se doit de choisir un titre à débloquer parmi l’ensemble des Final Fantasy: du premier au quinzième et au remake de l’épisode VII, en passant par les épisodes Tactics, X-2, XIII-2 (regroupé ici avec Lightning Returns), et même une compilation de jeux plus annexes comme 4 Heroes of Light, un jeu DS de 2010 qui n’a même pas eu la grâce d’une traduction française. Une fois dans le titre, on reçoit une petite troupe de personnages au style chibi très simple à envoyer dans un niveau musical, visuellement inspiré voir repris directement du jeu en question. Les niveaux s'enchaînent en ligne droite, tel un mini-donjon, et si on avance suffisamment dans le titre (généralement 3 chansons complétées suffisent), on peut débloquer un nouveau titre. Plus on progresse dans le titre, plus on gagne de récompenses qui iront garnir un musée virtuel, et plus nos petits personnages prennent de l’expérience. Car oui, il y a une couche RPG au jeu, qui sert en réalité plus de petite carotte que d’un véritable système profond. Nos personnages prennent de l’expérience, ont des rôles (Attaque, Défense, Soin…) et des Compétences qui s’utilisent automatiquement en jeu, et affrontent différents ennemis emblématiques pendant que nous serons concentrés sur la rythmique. Pour justifier cela, il y a un système de quêtes au sein d’un niveau: “Battez 10 ennemis”, “Battez le Boss”, “Utilisez au moins 10 Compétences”... Ces quêtes demanderont une certaine composition et optimisation d’équipe pour les mener à bien, et permettront de gagner encore plus de récompenses. Il est même possible de gagner et d’utiliser des objets, comme une plume de Phénix qui nous fera revenir à la vie si on perd, ou des potions de soin si nous sommes en danger. De quoi aider à passer des musiques qui nous donnent le plus de fil à retordre.
Mais une fois dans le niveau, comment procède-t-on ? Il suffit simplement d’activer au bon moment les interrupteurs, qui sont aux nombre de quatre: il y a ce qu’on appellera les “beats”, activable d’une simple pression d’une des touches de la manette, les “longues”, qui demandent de maintenir la touche pendant un certain temps, les “latéraux”, qui demandent de pousser le joystick dans une certaine direction, et enfin les “vagues” qui demandent de maintenir une pression de bouton pendant qu’on bouge le stick vers le haut ou le bas en rythme. A noter qu’il existe un mode Simple, qui transforme les latéraux en beats, et les vagues en longues, permettant de jouer avec un seul bouton (en théorie). Un gameplay simple à prendre en main, direct, et plaisant. À chaque niveau, plusieurs difficultés sont sélectionnables: Basique, pour ceux qui cherchent leurs marques dans le jeu, Expert pour ceux qui ont compris comment ça marchait, Ultime pour ceux qui aiment le challenge, et Suprême pour les plus fous, une difficulté d’ailleurs pas présente sur tous les morceaux. L'intérêt de sélectionner une difficulté plus élevée ? Aucune, seulement le plaisir que vous en tirez. Tout est déblocable dans les modes de difficultés les plus bas. À vous de voir si vous voulez vous pousser dans le rythme, ou si vous n’êtes pas venu sur le jeu pour souffrir.
Un petit mot sur les deux versions du jeu: Playstation 4 et Switch. Les différences visuelles sont plus que minimes, et la possibilité de faire le jeu absolument partout est un véritable avantage pour la console de Nintendo. Il y a toutefois deux hics à ce propos: tout d’abord, Theatrhythm se joue majoritairement avec les gâchettes, et les Joy-Cons ne sont pas les manettes les plus confortables pour presser régulièrement des boutons. Deuxièmement, la sortie sonore de la Switch n’est pas de la meilleure qualité. Il est donc conseillé à ceux qui veulent bénéficier de l’expérience de jeu la plus confortable d’y jouer en mode salon, avec autre chose que les Joy-Cons. À chacun de faire le choix qui lui conviendra le mieux.
En parallèle des pistes de niveau classique, il y a des pistes cinématiques, au nombre de 27 (environ une par titre): au lieu d’un défilement de gauche à droite, cela se fait de haut en bas, comme sur Guitar Hero, et avec une cinématique en fond pour le plaisir des yeux et sans aucun objectif de combat. Les joueurs Switch pourront donc apprécier un résumé visuel de Final Fantasy VII Remake sur la chanson de fin “Hollow”, mais gare à ceux qui n’ont pas fait le jeu: les cinématiques peuvent divulgâcher des moments des jeux en question. Par ailleurs, on pourra regretter certains choix qui ont été fait sur les musiques: tout d’abord, les épisodes Super NES ne bénéficient pas des réorchestrations réalisés à l'occasion des Pixel Remasters, et on devra écouter une piste MIDI plutôt que de véritables musiciens, différence particulièrement flagrante sur Dancing Mad de Final Fantasy VI. Aussi, on pourra grincer un peu des dents sur les choix de musiques de Final Fantasy VII Remake, puisqu’aucune des nouvelles compositions de Masashi Hamauzu n’est présente, comme si le compositeur principal du jeu était invisibilisé sur cet épisode. À la place, on a une troisième version de One-Winged Angel, réarrangé par Yasunori Nishiki (ayant aussi officié sur le Remake), qui contient dans la piste une courte reprise d’Arbiter of Fate. Un maigre lot de consolation donc. Mais ce sont là des préoccupations de fan avant d’être des préoccupations de joueur.
Avec toutes ces informations, on peut désormais se poser la question du contenu. Et là, Square Enix aime bomber le torse: 385 morceaux, plus les 27 morceaux cinématiques. Avec une médiane de 2 minutes 30 par morceaux, c’est donc 17 heures d’écoute minimum, avec entre 10 et 20 morceaux par titre (sauf les MMO Final Fantasy XI et Final Fantasy XIV, qui cassent les scores). Une augmentation de 70 titres par rapport au dernier épisode Curtain Call, et plus pour ceux qui n'avaient pas acheté la centaine de musiques en DLC. Avec de nouveaux personnages pour inclure les tout derniers titres, de nouvelles récompenses, une interface et une présentation en jeu repensées, des mécaniques revues comme celle d’invocation qui sont encore plus automatisées, on a bien affaire ici à la sortie d’un nouvel épisode. Et les mordus qui craqueront sur les Season Pass déjà annoncés auront le plaisir d’étendre le répertoire au-delà de Final Fantasy, avec du NieR, du SaGa, du Mana et même du Live A Live, qui a reçu un remake en bonne et dûe forme cet été 2022. Ceux qui craquent pour l’édition Deluxe bénéficieront par là-même de certains remix provenant des albums de Square Enix, comme “Blinded by Light” issu des arrangements jazz de 2017. Cadeau pour les ultra fans ou pigeonnage en règle ? Chacun décrira cette offre de ses mots propres.
Difficile de prendre Theatrhythm en défaut: il faudrait être de très mauvaise foi pour attaquer un jeu de rythme sur sa partie RPG en retrait, et si son style visuel peut décontenancer certains, une fois en piste on n’y prête plus aucune attention, bien trop concentré sur la musique. Sur cet aspect-là aussi le jeu est très réussi: un système simple, qui propose des niveaux très variés tant en termes de patterns que de difficultés. Que l’on vienne par amour de la licence ou par amour du jeu de rythme, Final Bar Line reste une bonne pioche pour tout joueur 10 ans après le premier Theatrhythm, dans une version encore plus complète. Avec le patron qui compte en remettre une louche tous les mois en DLC jusqu’à fin novembre, on est pas prêt d’oublier les noces de rubis de Final Fantasy.
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