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The DioField Chronicle

Le tactical un peu fauché

Square Enix n’en finit plus de sortir de nouvelles licences. En cette fin d’année bien chargée, c’est au tour du tactical en temps réel The Diofield Chronicle de sortir du chapeau. Un pari aux intentions louables, mais qui manque d'ambition. Un simple coup d'œil sur la jaquette du jeu, sa typologie et sa police d’écriture nous permet de voir que Diofield Chronicle ne fait pas dans l’originalité: s’inscrivant dans un genre médiéval teinté de fantastique, le jeu se place dans la grande tradition des tactical RPG de Square Enix. On incarne donc le jeune mercenaire Andrias Rhondarson, qui après avoir sauvé une princesse de brigands de grand chemin, est pris sous son aile par le lord de l’île de Diofield. Constatant ses talents, ce dernier ne tarde pas à lui donner le commandement de son escouade. Une escouade qui va s’avérer bien utile pour se débarrasser des envahisseurs de l’île, déterminés à dérober les précieuses pierres de Jade.


Un scénario très classique, et des débuts pour le moins flous. Balancé au milieu de tous ces noms de personnages, villes et royaumes, on a l’impression de prendre au passage un épisode de Game of Thrones. Heureusement, les choses finissent par s’éclaircir à mesure que l’on avance. The Diofield Chronicle ne brille pas pour autant pour son scénario, qui reste très plan-plan et premier degré, bien que maîtrisé. L’impression de déjà vu fini par poindre, et a contrario d'un Triangle Strategy, ce n'est clairement pas le scénario qui nous fait tenir la manette: on aurait aimé une plus grande qualité d'écriture.

Un petit air de C-RPG

Là où se distingue Diofield Chronicle, c’est plutôt dans son gameplay. Fini le tour par tour, place à la stratégie en temps réel. On est face à un mix entre RTS et tactical, où l’on contrôle ses personnages à la main, leur donnant l’ordre de se déplacer, attaquer ou utiliser leurs capacités spéciales. Un système qui ressemble aux bons vieux C-RPG à papa, qui ne manquera pas d’éveiller l’intérêt de certains. Qui dit temps réel dit forcément escouade réduite: on contrôle donc uniquement quatre personnages, ainsi que quatre réservistes. Chacun d’eux dispose de sa propre classe, avec des compétences bien spécifiques: le soldat fait office de tank, tandis que le tireur d’élite use de ses talents à distance. Ces compétences consomment un certain nombre de "PE" qui se rechargent automatiquement à mesure que le temps passe. Mais le clou du spectacle réside dans les invocations, que l’on peut balancer après avoir accumulé assez de "PT". Il est donc courant de finir un combat en balançant un bon vieux Bahamut ou Ifrit pour nettoyer la zone. Le souci, c'est que le temps réel et le déplacement libre n'apportent pas de réelle plus-value par rapport à des déplacements par case. La micro-gestion se résume souvent à éviter le champ de vision des ennemis et leur foncer dessus en utilisant ses capacités. Le jeu ne profite pas du level design pour proposer un système de couverture, par exemple.

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On aurait aussi aimé pouvoir organiser des attaques synchronisées avec nos personnages, à la Shadow Tactics. Le choix du semi-temps réel finit par rendre le gameplay un poil fastidieux, avec des pauses actives à n’en plus finir à chaque fois que l’on sélectionne un personnage pour le déplacer, et le rythme s'en trouve haché. Heureusement, après quelques heures, les affaires se corsent et l’ensemble nous pousse à jouer un peu plus finement. Ce qui ne change pas en revanche, ce sont les objectifs de mission, qui se ressemblent d’un niveau à l’autre, se résumant la plupart du temps à éliminer tous les ennemis. On tombe donc très vite dans une routine, malgré la présence de quelques objectifs secondaires (finir le niveau dans un temps imparti, la plupart du temps).

Mais DioField Chronicle ne se limite pas à des combats en semi temps réel sur des cartes modélisées façon jeu de société. Entre chaque niveau, on a droit à des phases à la caserne, qui font directement penser aux phases du monastère dans Fire Emblem Three Houses. On peut donc déambuler dans des décors (très) sommairement modélisés et parler aux membres de notre escouade. Chaque aspect du quartier général peut être amélioré moyennant une somme d’argent. Investir dans une cuisine et dans un réfectoire améliore le moral des troupes, tandis que financer le marchand ou le scientifique leur permet d’agrandir leur magasin ou laboratoire, nous donnant plus de choix de matériel de guerre. Tant qu’on parle business, chaque objet coûte cher, ce qui oblige à enchaîner les missions et objectifs secondaires pour améliorer ses guerriers. Les allergiques au grind risquent donc d'être rebutés par cet aspect.

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Fauché comme jamais

DioField Chronicle ne fait pas partie des triple A de chez Square, et cela se ressent: la réalisation est extrêmement datée. Si le titre surnage avec ses artworks et lors des phases de combats avec ses cartes façon diorama, tout le reste sent très fort le renfermé. Lors des phases de transition au quartier général (en vue à la troisième personne), il faut composer avec des textures très sommaires, des animations dignes de l'époque PS2 et des décors très vides. Quelques ralentissements surgissent même en combat, y compris sur PS5. Si les vétérans du genre sauront passer outre, les néophytes risquent d’être fortement rebutés par un aspect aussi austère.

Verdict

Quantité ne rime pas souvent avec qualité. Avec autant de jeux à sortir et un budget qui n’est pas extensible à l’infini, nul besoin d'être un grand économiste pour comprendre que des choix s’imposent. Diofield Chronicle fait ainsi clairement partie de ces « petits » jeux de Square, à la technique obsolète, au gameplay et design générique et à la technique datée. Il n’en reste pas moins un divertissement honnête pour les fans de stratégie, mais sans plus. Si l’on évite la grosse sortie de route, nul doute que le titre risque d’être assez vite effacé des mémoires.

Cet article a également été publié par le même auteur sur IGN France.

The DioField Chronicle

Critique rédigée par Ataru
Publié le 01/11/2022 à 11:12

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